ITW Perline Grandemange (Cabinet Kintsu) : « L’IA ne remplacera pas l’humain »

publié le 26/03/21

Sujet : Pourquoi faut-il se former aux « soft skills » ?

1- Bonjour Perline, tu es présidente de Kintsu, cabinet spécialisé dans l’accompagnement des transitions professionnelles, tu es consultante, formatrice et coach professionnelle, peux-tu nous parler de ton parcours pro ?

Professionnelle du marketing digital pendant 12 ans, j’ai œuvré en agence et chez l’éditeur en qualité de Directrice de l’Innovation et Directrice Commerciale au sein de grands groupes leaders de leur secteur (Dentsu Aegis, Lagardère et SFR). Et puis, un beau jour, j’ai dû me rendre à l’évidence, j’étais bien plus intéressée par les problématiques de résistance au changement des collaborateurs face au numérique que par mes rdv clients. Un bilan de compétences plus tard, 3 disciplines s’imposent naturellement à moi  : le coaching, l’entrepreneuriat et l’écriture.C’est ainsi que j’ai repris mes études à HEC Paris pour professionnaliser ma pratique de coach, j’ai fondé le Cabinet Kintsu et à présent, j’accompagne les professionnels à chaque étape clé de leur carrière.

2- Les « soft skills », c’est quoi ?

Les « soft skills » sont littéralement les « compétences douces ». 

Ce sont des compétences comportementales, transversales et humaines. 

Confiance en soi, créativité, intelligence émotionnelle, gestion du stress, du temps… En somme, ce sont toutes ces qualités personnelles qui transforment un salarié lambda en un collaborateur efficace, agréable et entraînant pour le reste de l’équipe.

Les softs skills sont déjà présentes en nous, de manière consciente ou inconsciente. Elles sont à cultiver et à viraliser. Complémentaires aux hard skills (les compétences techniques), les softs skills sont transversales et interdépendantes. 

3- Pourquoi les entreprises ont-elles besoin de se former à ces « compétences humaines » ?

L’intelligence artificielle pourrait rapidement remplacer la moitié des métiers existants d’ici 15 ans. Les principaux secteurs concernés seraient les métiers manuels ainsi que la comptabilité, la santé, le marketing, la justice et l’hôtellerie. Cependant, l’IA n’est pas dotée d’empathie ni d’imagination, elle ne pourrait donc pas remplir le rôle de leader. Pour cause, il lui manque une qualité essentielle propre à l’humain : la capacité à s’émouvoir et à ressentir, l’intelligence émotionnelle. Sans émotion, empathie, imagination, l’IA est incapable de stimuler le travail d’équipe, de faire preuve de passion ou encore d’inspirer la confiance. Des études de neurobiologie prouvent que la plupart des professionnels préfèrent les dirigeants qui expriment avant tout l’empathie. Il ne tient qu’à nous de développer les soft skills. Laissons donc les machines être des machines, et faire en sorte que les humains restent des humains. 

4- Tu viens de lancer 2 nouveaux modules avec l’OF Dixer, elles traitent de quoi ? Et pour quel objectif ?

Un premier module a pour but d’aider le professionnel à mieux gérer le « distanciel » qui s’impose comme une norme depuis une année. Le travail à distance révèle de nouveaux comportements chez le collaborateur et peut créer des situations inédites difficiles à appréhender :  communication altérée, progression du stress, habitudes et repères bousculés engendrant ainsi une confusion dans les priorités. 

Ce module a pour vocation de faire la lumière sur son rapport au stress, au temps et aux conflits.

Le deuxième module s’adresse au jeune manager. On ne naît pas manager, on le devient avec le bon mindset, des outils, une compréhension fine de son mode de fonctionnement et l’expérience. L’objectif est de l’accompagner à comprendre son nouveau rôle en lui donnant les clés pour créer une relation saine et constructive « manager-managé.e ». Ainsi, il accompagne la montée en compétences de ses collaborateurs et contribue au développement de la performance pour l’entreprise.

5- Dans la balance « hard skills/Compétences techniques » et « soft skills/Compétences humaines », pourquoi faut-il rééquilibrer ?

Parce que nous sommes humains, tout simplement. 

N’importe quelle machine peut apprendre le code pénal par coeur. Seul un avocat pénaliste peut véhiculer dans sa plaidoirie de l’émotion, inviter à se projeter et imaginer les choses sous un autre angle. Le professionnel a besoin de parfaire son savoir, d’aiguiser son savoir faire et d’affiner son savoir être pour être complet. 

6- Un mot de conclusion ?

L’humain est la solution, il est au coeur du réacteur dans les entreprises. 

Sensibiliser, informer, former, accompagner sa transformation pour libérer son potentiel, le rendant ainsi plus conscient, confiant, épanoui et performant. Pour lui avant tout. Et pour l’entreprise qui a la chance de travailler avec ce talent.  

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